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Biosécurité : agir collectivement

La fièvre porcine africaine (FPA) est arrivée aux frontières nord de la France et les mesures de biosécurité doivent l’empêcher d’entrer. La nutrition animale a élargi collectivement ses procédures.

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La biosécurité regroupe l’ensemble des mesures visant à réduire les risques d’introduction, de diffusion et propagation des agents pathogènes. L’éleveur, au même titre que tout acteur des filières de productions animales, est responsable de l’application de ces mesures à son niveau. Limiter la propagation des agents pathogènes s’appuie en tout premier lieu sur le respect des règles de bonnes pratiques d’hygiène et la bonne application de la HACCP, puis l’analyse de risque guide les mesures complémentaires.

1Dédier une force de travail

Si la nutrition animale travaille depuis longtemps sur les salmonelles, l’influenza aviaire qui a frappé les élevages de canards dans le Sud-Ouest deux hivers de suite, ou bien encore la crise actuelle de la fièvre porcine africaine (FPA) qui menace le nord de la France, pointent l’exigence d’une grande vigilance, mais aussi de procédures larges contre l’ensemble des agents pathogènes.

C’est une des raisons de la création, au printemps 2018, du groupe de travail biosécurité par les syndicats, comme le rappelaient Sébastien Tauty, de Coop de France nutrition animale, et Blandine Markwitz, du Snia, lors du récent symposium de Tecaliman à Nantes (26 mars). Le comité a reçu le soutien des autres organisations de la nutrition animale : Oqualim et Qualimat, Tecaliman, Qualimat Sud-Ouest et Qualimat Sud-Est. Il s’appuie sur les travaux collectifs déjà réalisés par le Conseil scientifique de la nutrition animale (CSNA), notamment son avis, mis à jour en avril 2017, sur la maîtrise des risques de dissémination d’agents pathogènes.

2Rassembler toutes les données

Le groupe de travail a commencé en 2018 à rassembler toutes les recommandations, actions et procédures dans un document d’une cinquantaine de pages intitulé « Contribution de la nutrition animale à la biosécurité », édité en début d’année et amené à être régulièrement actualisé. Il rassemble les références et recommandations actuelles, que ce soit en routine ou en cas de crise, sur tout le périmètre de l’usine : approvisionnements, fabrication, transport et livraison en élevage, sans oublier les visites d’élevage par les techniciens. Si une salmonelle était détectée dans l’environnement de l’usine, le fabricant lance par exemple une recherche des causes « racine » pour déterminer l’origine potentielle de la contamination, du développement et de la dissémination. Les mesures sont également renforcées en cas d’épizootie en fonction de la distance entre l’usine et les élevages qu’elle livre.

3Assurer une veille continue

Les références réglementaires évoluent, ce qui impose une veille permanente : les camions d’aliments sont ainsi concernés par l’arrêté du 8 février 2016 sur l’influenza aviaire. Le 4e alinéa de son article 3 impose, en cas d’alerte, des mesures de nettoyage-désinfection des parties basses (roues, bas de caisse, éventuellement hayon). L’arrêté ministériel du 18 janvier 2019 reprend, pour la peste (ou fièvre) porcine africaine, les mesures à mettre en œuvre au niveau de l’élevage et de son environnement… Côté salmonelles chez les volailles, le sérotype Kentucky vient de passer en catégorie 1 (déclaration et abattages obligatoires) en sus des cinq déjà connus pour leurs risques dans la chaîne alimentaire. Et les agences européennes (Efsa) comme françaises (Anses) doivent, d’ici l’été, livrer de nouvelles références sur la FPA.

4Travailler au sein des filières

Les interprofessions animales, auxquelles les fabricants d’aliments sont associés, proposent leurs bonnes pratiques spécifiques. Lors des épisodes d’influenza aviaire, l’Itavi a ainsi établi des fiches de biosécurité qui servent de référence. L’agence nationale sanitaire porcine (ANSP) fait de même sur le risque FPA et la filière lapin déploie son plan de lutte contre la VHD (maladie hémorragique virale). La nutrition animale est intégrée dans ces plans en sus de ses propres fiches techniques et du cahier des charges Qualimat transport. Ce dernier détaille par exemple l’origine de l’eau utilisée pour nettoyer les véhicules et les types de nettoyage réalisables… Sa contribution est aussi alimentée par les travaux de Tecaliman, toujours d’actualité, sur le contrôle de l’état de propreté d’un site industriel (2002), les moyens de lutte contre les salmonelles ou de maîtrise des recontaminations (1999).

5Faire des recommandations pratiques

En plus des concepts et des principes, le premier document du groupe biosécurité donne quelques exemples concrets, de l’entretien des abords de l’usine au plan de lutte contre les nuisibles en passant par l’interdiction de la circulation sur les fosses de réception des matières premières, ou de stationnement devant les prises d’air de l’usine, si elles ne sont pas suffisamment en hauteur.

Yanne Boloh

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